Troisième jour de répétition. Les répétitions sont publiques, de plus en plus de curieux pour nous écouter.
L'un d'entre eux est doué pour soulager les douleurs. C'est du brutal, mais ça marche!
Après la répétition du matin, temps libre pour l'après midi. Nous passons voir la fameuse cathédrale en bois de Kon Tum, construite il y a une centaine d'année. Nos amis joueurs de gongs bahnars sont catholiques, très pratiquants et se produisent dans cette église pour chaque grande occasion lithurgique.
En début d'après midi, nous partons, embarqués par Vu, sa femme Linh et sa fille Judy visiter un village Jaira et plus précisément un cimetière jaira. Les Jaira sont animistes quand une grande majorité des bahnars ont été convertis au catholiscisme.
Les Jarai, présents au Viêt Nam mais aussi au Cambodge, célèbrent le rite de l'abandon de la tombe par lequel les proches mettent officiellement un terme au deuil. Les défunts sont dès lors livrés à eux-mêmes, aux intempéries et au monde de l'au-delà. A cette occasion, est érigée autour de la sépulture une palissade de poteaux ornées de statues censées représenter les parents du défunt ou d'animaux mythiques, ultimes protections pour les disparus en même temps que signes ostentatoires de richesse. Une tombe jarai a été reconstituée au musée d'Ethnographie de Hanoi.
Quand nous arrivons au cimetière jaira, il y a du monde qui mange et boit près des tombes. Il ya beaucoup d'alcool et nous avons du mal à nous extraire de cette compagnie déjà très alcoolisée qui veut que nous buvions avec aux. Il y a un très vieil homme ivre mort qui chante à tue tête en s'agripant à nous. On a l'impression d'être tombé au débit d'un mauvais film d'épouvante américain. Le viel homme lubrique poursuit Eliza de ses assiduités, nous ne nous attardons pas. Les tombes sont recouvertes de toits en tôle faisant de petits hangars où sont laissés de la nourriture, des vélos (il faut que le défunt puisse s'allimenter et se déplacer). Certains sont abandonnées comme le veut leur tradition et envahies de ronces et de végétation.
Nous rejoignons ensuite un village bahnar où nous retrouverons nos amis joueurs de gong et des gens de "Poussières de vie" pour une grande soirée repas et danses tribales. Dans chaque village bahnar il y a une maison particulière qui est la maison de la communauté du village. C'est là qu' à un moment leur vie, les jeunas hommes lors du passage à l'âge adulte doivent passer quelques nuits pour garder le village. Ces maisons sont magnifiques avec un toît qui file haut vers le ciel pour l'esprit de la communauté s'élève...Il y aune dimension cosmique très forte, au pied de cet ouvrage. Lorsqu'à la nuit tombée, les villageois entammeront une danse hypnotique autour du feu, une 40 aine de jeunes filles en tenue traditionnelle dansant au son des gongs et tambours tenus par les hommes de la communauté, j'aurai -et je ne suis pas le seul- l'impression d'être projetté au pied de l'énigmatique stèle noire de 2001 l'Odyssée de l'espace.
La tradition est de boire dans la jarre l'alcool de riz à la paille, et d'inviter quelqu'und 'autre après. Autant dire que nous étions des cibles iéales pour nos compères bahnars. Ce qui est bien c'est que la jarre à chaque fois doit être remplie à raz bord pour chaque nouvel impétrant. On complète avec de l'eau, donc l'alcool est de plus en plus dilué...Mais on finit cartable quand même!
Nuit magique en pays bahnar