Banhars
Vol Air France AF0253 Longitude 76:21E Latitude 30:49N
(photo de Daniel)
Nous venons de survoler la chaine de l'Himalaya. Encore huit heures de vol avant Paris. Je mettrai ces notes en ligne à notre arrivée en France.
Cette tournée s'achève sur un nouvel épisode vietnamien. Elle aura été riche en rencontres, retrouvailles, pistes de projets à venir. C'est une des plus belles tournées, mais je crois que j'écris ça à chaque fois. Nous avons quitté le Vietnam ce matin. Patrick Désir était passé à l'hotel avant notre réveil pour y déposer un carton de mangues emballées pour nous. C'était quelque chose qu'on voulait faire, et que bien sûr on n'avait pas eu le temps de combiner. Les mangues que nous avons mangées en Asie cette année…Pour peu, j'y serais resté, rien que pour ça. Mais il y a un million de raisons d'aimer ces pays Cambodge, Vietnam, Laos. Malheur à ceux qui y restent trop longtemps, ils n'ont plus envie d'en partir. C'est ce qui en train d'arriver à notre pôte Alex. Je pense qu'on le verra passer chez nous pour quelques semaines tous les 2 ou 3 ans, mais pas plus. Toutes ces belles rencontres faites à Bali, Yogyakarta, Brunei, Siem Reap et Saigon… Comment ne pas repartir bientôt. La France nous attend avec le mauvais temps, le socialisme mou, Sarko le retour, la grosse Marine. Au secours, on avait tout oublié! Sauf les copains, les femmes, les enfants, à qui on essayera de raconter vainement l'irracontable: les rues de Saigon le soir, les vêtements poisseux de chaleur humide, les flots de scooters qu'on affronte avec une petite montée d'adrénaline pour traverser la rue, la magie des temples d'Angkor, le petit matin à Borobudur au milieu de siècles de sérénité inscrite dans la pierre, l'impassibilité des asiatiques jusqu'au moment où ils vous sourient et là, vous n'avez envie d'être nulle part ailleurs. La plus émouvante des rencontres? Ces 13 hommes de l'ethnie minoritaire banhar, descendus de leur petite ville dans les montagnes, Kontum, abandonnant 3 jours de travaux des champs, délaissant la récolte de manioc en cours pour une rencontre improbable avec nous. Nous avons su qu'ils étaient impressionnés de jouer avec des musiciens, ne se considérant pas eux même comme tels. Patrick Désir et Eliza - qui est montée les voir et a vécu une semaine avec eux- ont réussi à les convaincre de venir à Saigon. Ils n'ont accepté qu'à la condition de venir tous les 13, pas un de moins, le 13° étant un remplaçant du grand père qui fatigue de temps en temps. Sur scène il n'a pas joué, mais il était là, complètement présent, tenant une branche du portique des gongs et tapant du pied. Ce sont des gens très pauvres, le travail est donc sacré, les banhars sont une société matriarcale et sont très religieux, catholiques. D'ailleurs, sur la première vidéo qu'ils nous ont envoyée, à ma demande, il y a quelques mois, le premier morceau qu'ils jouaient était "Douce Nuit"... C'était un peu bizarre, je ne savais pas trop quoi faire de ça...puis on a trouvé, comme toujours. De ces 13 magnifiques personnes, si nous n'avons pas eu le temps de retenir tous les prénoms, assez difficiles à prononcer et à différencier pour nous, aucun de leur visage ne sortira de notre mémoire. Ils ont tous un regard droit, franc et direct, une noblesse, une facilité à sourir, à rire, inoubliables. Nous avons passé une soirée assis par terre tous ensemble, sur la terrasse de la magnifique demeure coloniale qui était notre cantine QG, à boire et à chanter. La guitare passait de l'un à l'autre, chansons vietnamienne, musique brésilienne, la timidité s'évanouissait avec la délicieuse boisson de leur fabrication qui avait voyagé avec eux pendant 13 heures et qu'ils tenaient à partager avec nous. Breuvage à base de riz fermenté où marinent des herbes du pays banhar, elle se boit à deux, face à face, avec 2 grandes pailles faites de 2 bambous reliés par un bout de durite. Pas de gueulle de bois, facile à boire, comme de la carthagène. Nous avons répété 2 jours avec eux et fait un concert le soir du 3° jour. Ils ont adopté joyeusement les thèmes que j'avais écrit pour cette rencontre. Le dernier, une mélodie lente, écrite dans le minivan qui nous transportait de Phnom Penh à Siem Reap, avec l'ordi qui sautait sur mes genoux au fil des soubresauts de la piste défoncée, celui çi a fait un carton. Ils ont accepté d'y mettre des paroles en banhar et c'est devenu une chanson qu'on a appelée "Poussières de vie" du nom de l'ong présidée par Patrick. Quand ils ont repris la route à 1h du matin, juste après le concert, entassés dans leur petit van (car les travaux des champs n'attendent pas), on s'est serré dans les bras, on a promis de monter les voir à Kontum une prochaine fois. Ils sont partis avec sur l'autoradio, à fond, l'enregistrement du concert qu'on venait de faire ensemble. Un petit mot sur Patrick Désir. Chaleureux et charismatique, ce nouvel ami a été d'une classe absolue. Malgré l'inconsistance et l'inefficacité de certaines autorités supposées partenaires, il a assumé tous les termes de notre accord, en dépit d'un bilan financier de l'évênement sûrement très décevant. Nous sommes allés, hier matin, visiter un des centres de l'ong, dans un quartier excentré de Saigon, où des bénévoles s'occupent d'éduquer des enfants des rues, par l'anglais et l'informatique, ou par la couture pour les plus grands, histoire de leur donner un métier. Travail admirable de longue haleine, car il faut arriver à dépasser la violence des enfants qui débarquent là, et patiemment leur montrer un chemin possible. Nous revenons avec les datas d'un enregistrement multipiste des morceaux créés avec les banhars, que nous irons mixer chez Michel Denis, l'incontournable et indispensable metteur en son de nos campagnes à nous. Cela deviendra un beau disque vendu au profit de "Poussières de vie". Mille mercis à vous Patrick, Thi de "Poussières de vie" pour cette aventure, à suivre. Merci aussi à tous ceux qui nous si bien accueillis dans cette tournée: Johan et Matt à Bali, Yvan et Sam à Brunei, Heppy, Djaduk et les autres à Yogyakarta et bien sûr le gros poulet Alex et sa bande. Merci à Eliza qui sait nous convaincre d'aller fourrer notre nez là où nous n'aurions pas l'idée d'aller.
Premier jour de répétitions (Photos d'Eliza)
A la pause de midi
Patrick Désir
La soirée "Buvons encore une dernière fois..." (Photos d'Eliza)
Bon la fille, on sait pas qui c'est, elle est venue se coller dans la photo....on va pas dire non, quand même!
Patrick Désir avait dépêché un photographe Florent Chaudemanche, qui est venu shooter le deuxième jour de répétitions
Photos de Florent Chaudemanche
Mardi soir, nous sommes passés voir notre ami designer Chuong à sa nouvelle maison, "show room" de ses créations. Comme la dernière fois en décembre 2013, il a tenu a nous offir des chemises de sa création pour le concert. Puis Patrick nous emmène dans un restaurant très raffiné, spécialisé dans la cuisine royale de Hué. C'est très fin. Jean Marie, malade, est resté à l'hôtel attendre le médecin.
Chez Chuong (photos d'Elisa)
Chuong et Patrick
Cuisine royale de Hué
Le concert au Cargo avec les Banhars (photos d'Eliza)
Nous ferons un set d'une heure en quartet, puis ils monterons jouer un de leur morceau. Nous les rejoindrons ensuite pour les " morceaux que nous avons réalisés ensemble. Ils sont intimidés et jouent de façon moins assurée qu'à la répétition, mais le bis de la chanson "Poussières de vie" sera magnifique.
Les amis Banhars reprenent la route. Ils emportent un peu de nous...(photo Patrick Désir)
Au centre "Poussières de vie" (photos de Daniel)
Nous revenons avec les datas d'un enregistrement multipiste des morceaux créés avec les banhars, que nous irons mixer chez Michel Denis, l'incontournable et indispensable metteur en son de nos campagnes à nous. Cela deviendra un beau disque vendu au profit de "Poussières de vie". Mille mercis à vous Patrick, Thi de "Poussières de vie" pour cette aventure, à suivre. Merci aussi à tous ceux qui nous si bien accueillis dans cette tournée: Johan et Matt à Bali, Yvan et Sam à Brunei, Heppy, Djaduk et les autres à Yogyakarta, Noémie et Tit à Phnom Penh, et bien sûr le gros poulet Alex et sa bande. Merci à Eliza qui sait nous convaincre d'aller fourrer notre nez là où nous n'aurions pas l'idée d'aller.
Merci à vous d'avoir suivi ce blog et surtout d'y avoir laissé de nombreux messages.
(photo Patrick Désir)
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